Inflation : la fausse solution d'un recours à la BCE
j'ai remarqué ces derniers temps les problèmes qui existent partout dans le monde à propos de la hausse des prix , j'ai voulu alors partager cet article extrait du site http://www.marianne2.fr avec vous.
La banque centrale peut-elle lutter contre l'inflation ? Alors que
certains prix flambent, la hausse du niveau général des prix flirte
désormais avec les 3%, taux encore faible, mais le plus important
depuis 1992.
L'argument qui justifie que l'on ait confié à la Banque
centrale la mission de lutter contre l'inflation revient à considérer
que l'inflation apparaît quand la Banque centrale émet trop de monnaie.
Survient alors un excès de demande sur les marchés. Les prix sont
poussés à la hausse, car l'économie ne peut pas produire plus si
personne ne veut travailler plus. Cet argument est défendu par les
économistes monétaristes, qui sont des libéraux. Or, l'hypothèse d'une
inflation d'origine monétaire est invalidée dans la réalité. La masse
monétaire croît à un rythme proche de 15%, sans que l'inflation ne
dépasse pour l'heure 3%, parce que l'économie est loin d'être en
plein-emploi.
Si les prix ont explosé dans certains secteurs, ce n'est
aucunement parce que la Banque centrale a injecté depuis cet été des
liquidités pour sauver les banques de la déroute, mais c'est pour des
raisons spécifiques aux marchés du blé, du lait, de l'énergie, du
logement et de la grande distribution.
Ainsi, la hausse du prix des matières premières agricoles
et énergétiques pèse sur les coûts de production des entreprises qui
les utilisent. Celles-ci répercutent donc cette hausse sur leurs prix,
afin de préserver leurs profits. Certains en profitent même pour
accroître leurs marges, comme dans l'agroalimentaire et la grande
distribution. Les économistes disent que ce type d'inflation, par les
coûts, est d'origine structurelle et non pas monétaire.
Pour chaque type d'inflation, une solution structurelle appropriée
Que faire alors, face à une telle inflation ? Face à une inflation
structurelle, une politique influençant la formation des prix des
secteurs concernés s'avère appropriée. Par exemple, l'inflation par les
coûts salariaux qui prévalait dans les années 70 a été vaincue par les
politiques de rigueur salariale, qui se poursuivent d'ailleurs à
l'excès. La hausse des prix de l'énergie, quant à elle, nécessite une
réflexion pour sortir du « tout pétrole ». L'engagement public en
faveur des énergies renouvelables doit alors devenir une priorité
nationale.Pour contrer la hausse des prix du blé et du lait, il faut
une mise à jour de la politique agricole commune. La politique du
logement doit également être repensée. Enfin, pour bienvenue qu'elle
soit, l'ouverture à la concurrence dans la grande distribution paraît
illusoire, compte tenu des ententes oligopolistiques constituées. Il
faudra sans doute en venir à un certain encadrement des prix de détail,
si ce n'est inventer un service d'intérêt général de la distribution.
Surtout pas d'intervention de la BCE !
Face à ce type d'inflation, d'origine non monétaire, la pire des
solutions serait que la banque centrale s'en mêle. Son premier réflexe
serait de resserrer la politique monétaire, pour casser la demande
qu'elle pense être à l'origine de l'inflation, alors que la croissance
européenne est déjà la plus faible du monde. Le niveau excessif des
taux d'intérêt entretiendrait une crise du crédit, à l'heure où les
banques souffrent de la mésaventure des subprimes. Il provoquerait une
nouvelle appréciation de l'euro face au dollar, dont les entreprises
allemandes elles-mêmes commencent à souffrir. Rappelons qu'un euro
s'échangeait hier contre 1,50 dollar.
Ceux qui réclament l'ouverture du débat interdit sur les
objectifs de la politique monétaire ne sont donc pas des démagogues.
S'ils ne vont pas jusque-là, d'éminents économistes, réunis autour du
prix Nobel Robert Solow, viennent de lancer un appel pour une véritable
politique macroéconomique en Europe.
On est en droit d'attendre que ce débat s'ouvre enfin lors de la présidence française de l'Union en juillet prochain.
Le dicton du jour : «En France on n'a pas de pétrole, mais on a des idées !»